Page précédente | Accueil numérique |
Dans les trois cas suivants
En effet, une image en Adobe RGB-98 en colorimétrie absolue s'imprimerait avec des blancs légèrement bleutés parce que son blanc à 6500 K ne serait pas converti vers 5000 K comme cela se passe avec les autres modes.
Tout d'abord, écartons le cas où on convertit d'un espace colorimétrique conventionnel (genre Adobe RGB-98, sRGB, etc.) vers un autre. En effet, si on va vers un espace plus grand, il ne se passe rien. A l'opposé, si on convertit vers un espace plus petit, les couleurs hors gamut sont projetées sur la surface du gamut, mais pas de la même façon quel que soit le mode de rendu choisi.
En fait, ces différents modes de rendu n'ont d'importance que si on convertit vers un profil d'imprimante. Et ce qui se passe n'est pas programmé dans Photoshop, mais dans ce profil. Le consortium ICC a convenu que ces profils contiendraient des instructions pour ces quatre modes, mais il n'a donné de contrainte stricte que pour les rendus en colorimétrie relative ou absolue. Les deux autres ont été laissés à l'initiative des constructeurs de profils, avec seulement des suggestions de la part du consortium.
En gros, tout ce que dit la norme ICC est que
— le rendu perceptif implique des
compromis comme la conservation du contraste afin de préserver des détails
dans l'échelle des valeurs, en vue de la reproduction générale des
images, en particulier des photographies
— le mode saturation implique des compromis pour préserver les
teintes et l'éclat des couleurs pures, en vue des images contenant
des logos ou des diagrammes
Dans la pratique, les rendus perceptif et saturation sont très proches l'un de l'autre et l'un ou l'autre seront parfaitement envisageables pour imprimer des images photographiques.
La compensation du point noir, quand elle agit, viendra compliquer un peu ce discours. Nous en parlerons plus loin.
Les couleurs non imprimables (hors gamut) sont remplacées par des couleurs en bord de gamut légèrement différentes selon le mode de rendu, sans qu'on puisse en dire davantage ; il faudra choisir le mode le plus satisfaisant selon l'image du moment.
L'éclaircissement en rendu perceptif se voit parfaitement sur
une gamme de gris, que ce soit en affichage d'épreuve ou à
l'impression :
On récupère beaucoup de détails dans les tons les
plus sombres. En contrepartie les parties les plus claires, voire à la
limite de la surexposition, ne s'arrangent certainement pas !
Nous avons essayé de comparer des profils Monaco EZ-Color et des profils Gretag-Macbeth dans deux cas (impression sur Epson 2100 ou sur Fuji Frontier) pour voir s'il y avait un effet spécifique au constructeur du profil sur cet éclaircissement. Il semble que non, du moins pour ces deux constructeurs particuliers.
Le problème est de savoir ce qu'on fait avec les couleurs hors gamut, c.à.d. non imprimables. En colorimétrie relative, d'après G. Niemersky (Gestion de la couleur, Eyrolles, Paris, 2002), on les remplace par la couleur imprimable «la plus proche» possible (au sens du Delta-E, pour les initiés :-). En conséquence, dans l'espace colorimétrique de l'image, toutes les couleurs hors gamut sont aplaties sur la surface de ce gamut, ce qui entraine que de nombreuses couleurs seront confondues à l'impression.
Par contre, la littérature prête à confusion sur ce qui se passe en rendu perceptif. Dans Photoshop 7 pour les photographes (éd. Eyrolles, 2002, p.64), on annonce bel et bien une compression générale du gamut de manière à ce que deux couleurs différentes hors gamut restent différentes une fois imprimées, c.à.d. qu'on lutterait ainsi contre l'aplatissement des couleurs hors gamut. G. Niemersky dit à peu près la même chose dans Gestion de la couleur (Eyrolles, 2002, p.137), tout comme les auteurs les plus réputés sur Internet, tels que Ian Lyons ou Bruce Fraser. Il est fort possible que le consortium ICC ait quelque chose de ce genre en vue pour le rendu perceptif, mais les profils existant en ce début 2004 pour les imprimantes à jet d'encre n'offrent rien de tel, et il est tout à fait possible de construire des jeux de couleurs nettement différentes qui s'impriment de la même façon en rendu perceptif, comme illustré ci-dessous :
L'image ci-contre (un fragment de l'image de test proposée par PIXL) va nous permettre d'illustrer ce qui arrive avec des couleurs non imprimables. Passez la souris sur les boutons de l'image ou cliquez dessus pour comparer les couleurs originales et les divers modes de rendu dans le cas d'une impression avec une Fuji Frontier.
Toutes les couleurs qui changent quand on passe de l'original au rendu en colorimétrie relative sont des couleurs hors gamut, donc «non imprimables», mais elles ne sont pas toutes déclarées telles par Photoshop (passez la souris ici pour voir l'opinion de Photoshop). On notera qu'aucun des modes rendu ne restitue le contraste original vif/sombre des rouges sur le paquet. C'est une faiblesse de cette imprimante particulière ; d'autres, comme l'Epson 2100 avec le papier Ilford Galerie s'en tirent bien mieux ( passez la souris ici pour voir le rendu de l'Epson)
Pour voir l'éclaircissement général de l'image en perceptif, cliquez d'abord sur le bouton Col. relative, puis survolez les boutons Perceptif ou Saturation.
Enfin, constatez le peu d'écart entre les rendus Perceptif et Saturation. Ce dernier devrait rendre grâce à l'éclat des couleurs au détriment de l'exactitude des teintes... Manifestement on n'y est pas encore. Cette observation est confirmée par l'image suivante qui montre les différences entre les trois rendus quand on imprime un cercle chromatique pur en Adobe RGB-98. On n'obtient pas tout à fait les mêmes couleurs quand on passe d'un mode de rendu à un autre, mais les écarts restent minimes.
L'exemple précédent montre que l'effet du menu Affichage>Couleurs non imprimables avait des limites : le rouge vif sur le paquet est bien détecté comme non imprimable, mais pas les jaunes clairs sur le mur ou en haut du paquet. Vraisemblablement, ce menu détecte l'écart entre la couleur originale et ce qu'on peut restituer et il se déclenche au-delà d'un certain seuil. Si on veut tout déceler, il faudra comparer soigneusement l'image originale à son rendu en colorimétrie relative.
Dans l'image précédente, on peut accorder que ce menu attire l'attention sur le problème le plus gros. Si on veut restituer le contraste initial dans les rouges, il faudra une retouche spéciale de l'image à ce niveau. En comparaison, la baisse de la luminosité dans les jaunes du fond est certainement moins importante pour ce type d'image.
La case de compensation du point noir apparaît à
plusieurs reprises :
— dans la
grande boîte de dialogue pour l'impression
— dans le menu Affichage > Format d'épreuve > personnalisé
— dans le menu Image > Mode > Convertir en profil
Selon l'aide en ligne, son effet serait de
dilater ou de contracter l'échelle des valeurs de l'image de manière à ce
que le «noir» de l'image vienne sur le «noir» de l'espace
de destination, c.à.d. le noir du papier dans le cas d'une
impression, et on recommande généralement de la laisser toujours
cochée, surtout en colorimétrie relative.
La figure suivante fait la démonstration de ce qui se passe. C'est le scan de deux impressions successives d'une charte de gris dont les valeurs L sont indiquées en clair, toutes les deux en colorimétrie relative, d'abord avec, puis sans la compensation du point noir.
Si les noirs vous paraissent un peu gris, c'est voulu : pour les besoins de la démonstration, j'ai pris un couple imprimante/papier utilisé avec un noir en L=25, assez loin du noir idéal L=0, et j'ai essayé de respecter cette nuance dans la numérisation. Cela veut dire que le gamut de cette imprimante commence à L=25, et donc que tous les gris avec des L plus petits sont hors gamut. En principe, en colorimétrie relative, ils devraient donc être remplacées par des couleur imprimable les plus proche possible, c.à.d. le gris le plus foncé possible dans le gamut (L=25 dans notre exemple). Cela fait que les premiers gris de la charte s'imprimeront de la même manière, et que le premier gris nettement distinct sera le premier à être suffisamment distant de ce minimum, c.à.d. le gris L=34 dans notre cas (le gris 28 est trop proche du minimum 25 pour s'en détacher clairement).
Cet écrasement des tons noirs ne sera pas très heureux dans une image. L'option compensation du point noir permet précisément de l'éviter. L'effet ressemble à ce qu'on aurait en décalant le point noir vers la droite dans un réglage par niveaux avant d'imprimer, suivi d'un ajustement du gamma pour re-étager correctement les gris.
Cette difficulté n'apparaît pas dans le mode de rendu perceptif, où le réétalement des tons sombres est déjà fait, que l'on coche l'option ou pas. Celle-ci provoque néammoins un éclaircissement supplémentaire des tons sombres, généralement imperceptible pour les papiers brillants, mais tout à fait notable pour les papiers mats. Selon nos essais, l'effet est généralement heureux et nous recommandons donc de toujours activer cette option.
C'est tout. En principe, on pourrait donc avoir des résultats différents en passant d'un profil Gretag-Macbeth à Monaco, ou X-Rite, etc.
With Perceptual, all colours of the source colour space will be mapped to the nearest in-gamut colour of the destination colour space thus maintaining the visual relationship between colours. In other words, with Perceptual the whole image colour gamut will be compressed so that it fits within the new colour space
(C'est moi qui souligne)