Le métamérisme
des tirages N&B
version initiale: 26 juin 2005
révision : 1er décembre 2014
En 2014, de l'histoire ancienne ?
Vers les années 2000-2005, imprimer
et blanc n'allait pas de soi et le métamérisme était
l'une des difficultés à surmonter. Diverses techniques
étaient venues pallier les faiblesses des imprimantes du moment,
tant matérielles (encres alternatives comme dans les
procédés piezography ou UT-7) que logicielles (QuadToneRip ou
divers RIP professionnels). Pour notre part, avec le procédé
UT7, puis QuadToneRIP, nous avions considéré que le
problème était à peu près réglé — la première
édition de cet article donnait nos conclusions en 2005 — et
notre attention s'était portée sur d'autres questions.
Neuf années se sont écoulées depuis, pendant
lesquelles nous avons peu à peu oublié ce problème.
Nos imprimantes Epson de 2005 ont cessé de fonctionner. D'autres, plus
récentes, les ont remplacées, sur lesquelles QuadToneRip ne
fonctionnait plus (à l'époque), mais qui proposaient de nouvelles fonctionnalités
pour imprimer en N&B, apparemment satisfaisantes, et quand les mises à
jour de QuadToneRip sont apparues, nous n'éprouvions plus le besoin d'aller
chercher au-delà de ce que proposaient les pilotes Epson.
La mise à jour de cet article vise à
confirmer cette
impression. Elle concerne quelques modèles bien précis, les
Epson de la série 3800 et 7900, et, en un mot, le
métamérisme est à peu près négligeable
sur ces machines — pour plus de précision, on pourra se reporter au tout
dernier paragraphe de cet article (cliquez ici). Cependant, cela ne signifie absolument pas que ce
problème soit derrière nous en 2014, car ce sont des engins
coûteux que seuls des professionnels ou des amateurs très
mordus vont acquérir. Le métamérisme reste un
souci pour les machines d'entrée de gamme ou pour les
tireuses genre Fuji Frontier qui équipent toujours la plupart des labos de
tirage sur internet.
Par ailleurs, QuadToneRip a finalement proposé des mises à jour pour
ces nouvelles machines, avec des performances encore améliorées.
De quoi s'agit-il ?
On définit traditionnellement le métamérisme comme le
phénomène qui fait que deux échantillons peuvent très
bien avoir
la même couleur sous un éclairage donné et des couleurs
différentes sous un autre éclairage. Il est certes normal que
la perception d'une couleur change quand on change d'éclairage
(chacun a bien dû voir des bleus très saturés devenir
noirs sous la lumière d'une bougie), mais il est tout de même
surprenant que deux couleurs initialement identiques se distinguent l'une
de l'autre quand on change la lumière.
Dans le cas des tirages N&B, ce qu'on appelle
«métamérisme» est la sensation que la couleur
résiduelle du tirage (le «rendu», si on
préfère) change quand on passe d'un éclairage à
une autre. Comme cette expérience ne porte que sur un seul
échantillon au lieu de deux, certains préfèreraient
parler de pseudo-métamérisme, mais cette
distinction paraît inutile puisqu'il s'agit du même
mécanisme physique.
Je me souviens d'une expo où des tirages
numériques N&B étaient accrochés sur du tissu
gris. Le soir du vernissage, sous l'éclairage des spots
tungstène, rien à dire. Mais le lendemain matin, ces spots
était complètement surclassés par la lumière du
soleil qui entrait à flots et les tirages numériques
prenaient une teinte légèrement verdâtre plutôt
malheureuse sur le gris des panneaux. Sans ce tissu, on n'aurait eu que le
soupçon que ces N&B tiraient alors vers le vert, mais la
présence de ce tissu ne laissait pas le moindre doute.
Autrement dit, la présence d'un échantillon de
référence ne fait que faciliter la perception d'une
coloration anormale; elle ne modifie pas la réalité du
phénomène.
Evidemment, dans ce cas précis, rien ne garantit que ce n'est pas le
tissu qui aurait viré au magenta sous le soleil... Mais les
fabricants de tissu sont particulièrement attentifs au
problème, et ça ne change rien sur le fond, qu'il y a quelque
part quelque chose d'anormal dans les couleurs.
Cet effet est particulièrement gênant pour les tirages
N&B, car l'œil détecte très facilement de petites
déviations par rapport aux gris. Rien de tel n'arrive avec les
tirages argentiques et, bien sûr, on aimerait bien que les tirages
numériques parviennent à la même insensibilité
vis à vis de l'éclairage.
Origine du phénomène
Le métamérisme provient des irrégularités dans
la réflectivité en fonction de la longueur d'onde. La figure
ci-contre correspond à deux «gris» proches de L=50, pris
l'un sur un tirage argentique et l'autre sur un tirage numérique.
Ces deux spectres sont relevés de 380 à 730 nm.
On
voit que le spectre du gris argentique est presque plat : la lumière
réfléchie est donc identique à la lumière
incidente, à un facteur de proportionnalité près
— c'est précidément la définition d'un gris
idéal. Par contre, le spectre de réflexion du gris
numérique est beaucoup plus chahuté, et cela peut se traduire
par une suraccentuation des verts/bleus ou des rouges selon la composition
de la lumière incidente, avec un effet
d'autant plus fort que le spectre de la
lumière incidente sera lui même plus irrégulier (autrement
dit, on risque d'avoir des variations de couleur bien plus fortes avec des
éclairages fluorescents).
Comment étudier le métamérisme ?
Les spectres précédents se relèvent avec un
spectro-photomètre.
Cet appareil éclaire les échantillons avec une source de
lumière incorporée et il relève le spectre de la
lumière réfléchie (par exemple tous les 10 nm entre
380 et 730 nm pour le Eye-One de Gretag-Macbeth). Cette mesure est toujours
précédée d'un tarage du spectro, où on
relève ce qui est réfléchi par un blanc de
référence (un oxyde de titane) ; le rapport des deux spectres
donne le spectre de réflectivité de
l'échantillon, c.à.d. son pouvoir réflecteur en
fonction de la longueur d'onde.
Ensuite, connaissant la répartition spectrale d'un éclairage
donné, on peut tout d'abord calculer la lumière
réfléchie par l'échantillon ainsi
éclairé, puis en déduire les tristimulus X,Y,Z
et enfin les composantes L,a,b (un peu :-)) plus familières.
La sensation de couleur est directement liée au couple (a,b)
et on peut ainsi prévoir les changements de couleur liés aux changements
d'éclairage.
Toutes les pièces du mécano se trouve dans les pages de Bruce Lindbloom, mais
il est plus rapide de faire faire le travail par un logiciel
spécialisé. Si on dispose du spectrophotomètre
Eye-One de Gretag-Macbeth, on peut utiliser le module
MeasureTools du logiciel ProfileMaker à cet effet. Ce
dernier coûte une petite fortune (euh, pour n'effaroucher personne,
disons de 2 à 4 fois le prix du kit Eye-One de base
— qui n'est déjà pas donné —, selon la
configuration demandée), mais on peut le télécharger
librement à
http://www.gretagmacbeth.ch/support-download?prod=products_professional-cm&send=1
et le module MeasureTools figure parmi ce qui va bien vouloir
fonctionner.
On peut alors faire lire une couleur quelconque par le
spectro-photomètre, et le logiciel MeasureTools indique alors
directement les composantes L,a,b de cette couleur sous divers types
de lumière incidente, ainsi que son spectre de
réflectivité.
Pour le lecteur éventuellement sceptique, précisons que les
mesures ainsi réalisées corroborent les observations
visuelles, du moins lorsque les déviations sont assez grandes pour
être perceptibles à l'oeil nu.
Chiffrage du métamérisme d'un gris particulier
On parle généralement
d'un indice de métamérisme M, mais y a
plusieurs façons de le calculer
[datacolor], sans parler des multiples façons de
définir le «delta-E» qui intervient dans les calculs
[datacolor2,
deltaE-2000].
A chaque fois, il faut
préciser l'éclairage initial et l'éclairage final.
Pour faire aussi simple que possible, nous avons défini M comme la moyenne
quadratique de la variation des composantes Lab, soit, dans le cas
d'un gris où la luminance L ne varie pratiquement pas :
M= SQRT( (a1-a2)^2 +(b1-b2)^2)
En fait, on peut parfaitement décider d'utiliser cette formule
même si les variations de L ne sont pas tout à fait
négligeables. Cela revient à à privilégier la
variation de la teinte dans notre étude, attitude qui nous paraît
parfaitement légitime dans le cas des tirages N&B.
Comment chiffrer le métamérisme de tout un tirage
N&B ?
Un tirage N&B est composé de tous les gris possibles entre le
noir maximum et le blanc du papier. On peut associer un M à
chacun de ces gris, mais il n'y a aucune raison pour que ce soit toujours le
même.
De haut en bas : HP8750 et papier HP Premium Plus; Epson 2100 et Lyson
FineArt; au milieu, tireuse Agfa et papier Agfa Sensatis (en rouge) et, presque
superposé, Fuji Frontier et papier Fuji Crystal Supreme ; tout en
bas en vert, encre
noire seule MIS Ebony sur papier Epson Mat Archival
De fait, on voit ci-contre l'évolution de M en fonction de
L pour divers couples imprimantes et papiers ; on voit que M
peut varier dans des proportions considérables. Doit-on pour autant
donner toute la courbe pour caractériser le
métamérisme d'un tirage ? L'information serait
certes complète mais pas très facile à manipuler. Mais
comment la réduire à un seul chiffre qui soit vraiment
significatif ?
On utilise généralement la moyenne arithmétique, mais
celle-ci risque de conduire à sous-estimer le
métamérisme. Par exemple, dans les deux courbes les
plus élevées ci-contre, on culmine à près de 2
fois la valeur moyenne; on aura donc un certain changement moyen de
couleur, et pour certains gris, un changement presque deux fois plus
grand. Il me paraît vraisemblable que l'oeil verra davantage cet
extrême de recoloration que la variation moyenne. Le «bon»
chiffre magique pour caractériser globalement le
métamérisme devrait donc être une combinaison entre la
moyenne arithmétique et la valeur maximale : un bon candidat
est la moyenne quadratique (c.à.d. la racine carrée de
la moyenne arithmétique des carrés de M).
Procédure utilisée
Chaque fois que j'ai pu, j'ai imprimé et analysé une charte
de gris contenant 21 plages avec des L (théoriques)
variant de 0 à 100 par pas de 5, et j'ai choisi d'étudier les
variations entre l'illuminant A (2856K) et le D65 (6500K). Comme
expliqué ci-dessus, les mesures ont été faites avec un
spectro-photomètre Gretag-Macbeth «Eye-One» piloté par le
module MeasureTools de ProfileMaker.
Dans certains cas (papiers barytés, impressions de revues) où
je n'avais pas de charte de gris, je me suis contenté d'analyser des
échantillons pris au hasard dans ces tirages avec des
densités allant du noir maximum au blanc du papier. En principe, le
calcul des moyennes devrait rester significatif.
Quelques résultats
On trouvera ci-dessous les performances en matière de
métamérisme de divers procédés pour obtenir des
images en noir et blanc. J'ai choisi de les classer avec la moyenne
quadratique des M, mais la moyenne simple n'aurait pas
modifié le classement (juste un peu la valeur de la moyenne)
Tous ces résultats ont été obtenus en 2005. On verra
plus loin
quelques résultats nouveaux de 2014
Valeurs de M |
Procédés d'impression |
|
|
0.1 |
Tirage argentique sur papier baryté ;
|
0.3 |
Revue d'art avec impression en noir seul
|
0.3-0.5 |
Impressions numériques en noir seul sur papier mat.
Les valeurs dépendent de l'encre utilisée
(l'encre mate Epson est autour de 0,5 alors que la MIS Ebony est plutôt
autour de 0,3) et aussi, faiblement, du papier utilisé.
|
0.5-1.0 |
Impressions en tons continus sur papier mat (sur les Epson)
On trouve ici aussi bien ce que
QuadToneRip sait faire avec les encres Epson natives que
les procédés avec des encres alternatives, comme
Piezography ou le sytème UT-7 de MIS, et tout
cela quel que soit le type de rendu (neutre,
froid ou chaud) en dehors des rendus sépia. En général, les
procédés UT-7 ou Piezography font un peu mieux que QTR, mais le papier
utilisé a son mot à dire
|
1.1-1.2 |
Impressions QuadToneRip sur papier brillant (sur Epson)
Il s'agit d'une curiosité.
QuadToneRip permet de tirer sur papier brillant
avec l'encre noire Epson «photo». J'ai essayé sur
Ilford Smooth ou Epson Premium Semi-Glossy. Le métamérisme est à peine
plus haut que pour les papiers mats et l'uniformité de coloration
est tout à fait accceptable en rendu chaud,
mais le reflet des sources de lumière crée des
irisations insupportables. Dommage !
|
1.6 (et plus) |
Tirages sépia sur Epson
Les tirages sépia font intervenir du jaune, encre
réputée pour augmenter le métamérisme.
Ce chiffre de 1,6 a été obtenu avec des encres UT7
avec le réglage sépia léger sur du
Epson Mat Archival et aussi avec QuadToneRip en rendu
sépia sur du PhotoRag, les deux fois avec des colorations
sépia proches l'une de l'autre. On a un
métamérisme nettement plus fort (2.1) avec le plein
rendu sépia en UT7 sur du PhotoRag, mais la coloration est
nettement plus forte (b=15 au lieu de 10).
|
1.7-1.9 |
Tirages numériques commerciaux sur machines
Fuji Frontier ou Agfa (papiers Fuji Crystal Supreme ou Agfa Sensatis)
|
1.8 |
Images N&B en quadrichromie dans des revues ;
|
1.5-1.8 |
Epson R800 sur papier mat
On trouve ici les tirages R800 aussi bien en mode RVB et en
«encres couleurs» (qui conduisent à des N&B
décents avec un bon profil ICC) que les tirages «en niveaux de
gris»... qui, à mon avis, constituent une arnaque d'Epson,
dans la mesure où l'imprimante continue bel et bien à
faire de la quadrichromie (même comportement avec la R300 ; pour
retrouver un vrai fonctionnement avec l'encre noire seule, il faudrait
s'adresser à un pilote alternatif GutenPrint – que je n'ai
pas essayé). Les tirages « niveaux de gris» sont
entachés d'une coloration trop forte à mon goût.
|
2.2-2.4 |
Epson R800 sur papier brillant
(Epson Premium Glossy et Semi-glossy d'Epson ; Ilford Smooth Gloss)
Les résultats sont moins
bons qu'avec des papiers mats à
cause du papier et aussi, sans doute, du remplacement de l'encre noir mat
par l'encre noir photo.
|
2.5–2.8
| Epson 2100 ou 4000 en RVB sur papiers mats.
|
2.9
| Canon i950 en RVB sur Epson MatArchival
Ce papier n'est évidemment pas conseillé d'origine par
Canon, mais il marche très bien avec cette imprimante si on
profile correctement celle-ci. Le métamérisme est alors
équivalent à celui de l'Epson 2100, bien que les spectres
de réflectivité soient fort différents.
|
3.1–4.0
| Epson 2100 ou 4000 en RVB sur papier brillant.
Comme d'habitude le métamérisme pour les Epson
est plus fort pour les papiers brillants
que pour les papiers mats. Il semble aussi qu'il soit plus fort pour la
2100 que pour la 4000 (bien qu'il s'agisse en principe de la même encre)
|
3.5–3.8
| Tirage en «niveaux de gris» sur HP-7960 ou HP-8750 sur
papier HP Premium Plus
J'ai travaillé avec des tirages publicitaires réalisés avec les encres grises de HP.
Malgré les affirmations publicitaires, on constate que ces
imprimantes souffrent d'un métamérisme équivalent
à celui de l'Epson 2100 (mais on peut également se
souvenir qu'Epson aussi se vantait d'avoir vaincu le
métamérisme lors de l'introduction de la 2100). Les
tirages HP sont néammoins plus convaincants à cause de la
meilleure uniformité des rendus alors que les tirages Epson
souffrent volontiers de colorations résiduelles erratiques.
|
7.7
| Epson 2000P en RVB sur papier Ilford Smooth Gloss
Le métamérisme de cette imprimante était
intolérable ; les choses ont tout de même
avancé !
|
Conclusions pratiques
- Le métamérisme affecte plus ou moins tous les procédés
d'impression, mais il est très difficile de comparer
objectivement tel
ou tel procédé sans ce genre d'étude.
- Que peut-on tolérer ?
Un écart de 1 sur les composantes (a,b) est presque
indiscernable. Dans Photoshop, faites un dégradé de
Lab=10,1,0 à Lab=90,1,0, puis
sélectionnez-en la moitié, désaturez
complètement et voyez si vous percevez la différence. Par
contre, si vous partez de a=2 avant la désaturation, vous
devriez voir l'écart.
Pour voir une déviation de 2 (et éventuellement en
souffrir), il faut avoir un gris de référence bien stable
juste à côté. Par contre, des déviations de
4 ou plus se voient très bien à l'oeil nu et c'est dans
ce domaine qu'on trouve toutes les imprimantes populaires du moment.
Seules les impressions en encre noire seule ou les différents
procédés en tons continus ont un
métamérisme (à peu près)
négligeable.
-
Pour toutes les imprimantes testées, le rendu est plus magenta
sous tungstène que sous la lumière du jour (en gros,
déplacement général vers
(a,b)=(4,-1)). Un rendu neutre sous le soleil (cf HP-8750)
deviendra donc chaud (magenta, en fait) sous tungstène ;
déviation généralement bien acceptée. Par
contre, le rendu de base de la Fuji Frontier, neutre sous
tungstène, ne sera pas qualifié de «froid» sous
le soleil (cela impliquerait une tonalité bleue), mais
plutôt verdâtre, une nuance généralement peu
appréciée.
- Et (faut-il le rappeler ?) pour toutes les imprimantes qui
opérent avec les encres couleurs, la coloration
résiduelle plus ou moins erratique des gris est généralement
bien plus gênante que le métamérisme.
Quelques spectres
Pour finir, la figure ci-après est un essai d'illustration de la relation
compliquée entre le métamérisme et le spectre de la
réflectivité. Au départ, vous voyez le spectre d'un
papier baryté, quasiment plat à partir de 420 nm, et les
fenêtres de sensibilité spectrale des cellules de l'oeil. A
droite de la figure, vous avez un menu donnant quelques configurations
typiques imprimante/papier ; cliquez sur ces entrées pour faire
apparaître ou disparaître le spectre correspondant (à
chaque fois pour un gris moyen proche de L=50). Sur chaque
entrée, les chiffres entre parenthèses indiqués donnent
l'indice de métamérisme de ce spectre particulier et l'indice
moyen.
En gros, le métamérisme augmente au fur et à mesure
qu'on s'écarte du spectre plat, mais les
irrégularités comptent autant que l'amplitude des
écarts. Par exemple, comparez la HP8750 et l'Epson 2000P. Cette
dernière a bien plus de métamérisme ; son
spectre n'est pourtant pas plus écarté du spectre plat que
celui de la HP, mais il est beaucoup plus chaotique.
Précision : pour construire la figure et rendre les
comparaison plus significatives, j'ai normalisé tous les spectres de
manière à ce qu'ils aient la même moyenne sur
l'intervalle de mesure 380-730 nm.
Ajoutons qu'il est très difficile de comprendre au vu de la figure
pourquoi certains spectres apparemment assez proches conduisent à des
métamérismes nettement différents (par exemple le spectre Canon et
les deux spectres HP). C'est que le mécanisme de la perception de la
couleur est passablement compliqué. En gros :
(i) Tout d'abord, ce spectre de réflectivité module le spectre de la
lumière incidente.
Cliquez ici pour
faire apparaître ou disparaître sur la figure le spectre
des références «D65» et «A» (2856K) qui nous
ont servi à calculer les métamérismes. Notez combien
ces deux spectres sont différents.
(ii) Les trois types de cellules de l'oeil captent trois stimulus
(c.à.d. elles découpent la lumière réfléchie et
de la lumière blanche de référence selon les courbes
de sensibilité spectrales rappelées dans le fond de la
figure) et le cerveau fait le rapport pour obtenir les stimulus
réduits.
(iii) La sensation de couleur naît de la différence entre ces stimulus
réduits. On a un gris parfait en cas d'égalité.
Nouveaux essais en 2014
Avec une imprimante Epson 3800, nous avons relevé
- M=0,7 sur papier Mat Archival avec l'option Noir et Blanc Epson
proposée par le pilote d'impression
- M=1,1 sur papier brillant (Ilford Pearl Gloss) avec l'option
Noir et Blanc Epson.
Autrement dit, on fait aussi bien qu'en 2005 avec les encres
alternatives ou QTR, que ce soit sur mat ou sur brillant (de surcroit,
les problèmes de bronzing sur papier brillant ont quasiment disparu
avec l'arrivée de la 3800)
- Le métamérisme augmente mais reste acceptable si on imprime en
mode couleur : M=1,2 sur papier mat et M=1,8 sur papier brillant. Il
faut signaler une autre avancée : la coloration
résiduelle des gris ainsi imprimés a perdu son caractère
erratique de 2005, elle est devenue beaucoup plus régulière d'un ton à
l'autre.
Nous avons relevé des chiffres analogues sur une imprimante Epson 7900
: sur papier mat, M=0,8 en mode N&B Epson ou M=1,3 si on imprime en mode
couleur.
Nous avons aussi essayé QuadToneRip sur une 3800. On obtient
encore mieux qu'avec le mode N&B Epson, puisqu'on descend à M=0,5 sur
papier mat et M=1,0 sur papier brillant. Cette
amélioration ne justifie peut-être pas à elle seule de
recourir à ce logiciel mais ses possibilités
de bichromie ou trichromie sont à prendre en considération.
Par contre, sur une imprimante «économique» Epson P-50, les
chiffres de métamérisme restent élevés. En
mode N&B Epson, nous avons relevé M=2,9 sur papier mat et
M=3,8 sur brillant ; ce serait pire si nous avions imprimé en mode
couleur.
Retour à l'accueil «numérique»
|